Je parlais il y a quelque temps de 2 types de réseaux que revoici:
Celui d’avant, le bon vieux réseau décentralisé, avec ses « centres divers plus ou moins importants qui constituent une hiérarchie entre les unités qui se modifie selon les actions des uns et des autres » et le nouveau réseau, méchant, totalitaire, orwellien à la Uber, le modèle du réseau hypercentralisé, avec « un acteur dominant au centre qui se relie directement à toutes les unités isolées », modèle que l’on peut rapprocher de la prison panoptique (Bentham et Foucault), où un gardien se trouve au centre et peut observer tous les prisonniers dans leurs cellules en même temps.

Plan de la prison panoptique, selon l’idée du philosophe et planificateur Jeremy Bentham (1748-1832), repris par Michel Foucault (1936-1984) pour décrire le contrôle exercé par l’état moderne à travers ses institutions (école, prison, hôpital, statistiques, etc.)
A la suite de ce post sur Uber, j’ai eu pas mal de discussion avec certains d’entre vous, notamment des informaticiens. Ils étaient énervés de cette opposition radicale que je faisais entre ces 2 modèles pour expliquerla mise sous tutelle universelle sur le modèle Uber. Ca n’est pas si simple…bien sûr. D’ailleurs, j’avais coupé exprès, pour simplifier, le troisième terme du schéma qui est l’antithèse de toute hiérarchie et que voici à droite des deux autres.
Ce type de réseau correspond à ce que Deleuze appelait le rhizome, par analogie avec les plantes qui se développent sur ce modèle (bambou, pommes de terre, gingembre, lotus, etc.). Le rhizome est un réseau de racines qui n’a pas de centre et se développe par tous les côtés sans aucune pesanteur hiérarchique (horizontalement).
Le rhizome peut être coupé en deux et chaque partie se développera alors indépendamment, pour éventuellement se recombiner par la suite… C’est sur ce modèle que s’est construit Internet, ainsi que son ancêtre Arpanet, réseau de communication de l’armée américaine, afin d’être invulnérable à d’éventuelles ruptures dans ses lignes. La théorie des systèmes appelle ce type de réseau un « réseau distribué ».
Alors la question qui émergeait dans les discussions était de savoir si nous allions vers un réseau en étoile, qui est celui que je montrais avec Uber, ou alors si nous allions vers le réseau distribué, le rhizome, forme acentrée, réseau décentralisé sans aucune hiérarchie.
Le schéma centralisé et le schéma distribué semblent les deux extrêmes dont le réseau décentralisé serait le moyen terme, mais ce n’est qu’un point de vue. Vu autrement, le réseau distribué pourrait être le schéma centralisé dont on aurait relié les points, et caché le centre, et relié les points.
Le marketing des géants d’internet nous vend l’idée d’une libération (grâce au réseau distribué/rhizomique) de tous les liens et obligations liés aux anciennes hiérarchies que symbolise le réseau décentralisé… Peut-être qu’il est moins douloureux, comme le disait Alexis de Tocqueville, d’être soumis à un maître lointain et incommensurable (Dieu ou la Silicon Valley) que proche et trop semblable à nous.

Thadé est un artiste qui dessine des rhizomes qui prennent des formes humaines et symboliques.
Uber: la liberté dans l’esclavage
La petite utopie markettée par Uber à tous ses « partenaires » (les chauffeurs) repose bien sur cette idée de libération des anciennes dépendances locales: centrales de mise en contact avec les clients, systèmes de licences, etc., autant de barrières au libre marché. Mais combien croient à cette l’utopie de la libération?
Les pauvres y croient car ils n’ont pas le choix. Ainsi, il semble qu’Uber soit en passe de devenir le premier employeur dans la banlieue parisienne. Ou comment la disruption permet de libérer une force de travail inoccupée à cause des vieilles structures sociales et économique qu’Uber vient disperser. Après, bien sûr, les chauffeurs n’ont pas beaucoup de levier face au Behemoth électronique quand il décide soudain pour quelque raison financière byzantine qu’il va baisser le prix de la course qu’il leur paie. Et quoi qu’il en soit, le projet à terme de Uber est les voitures automatisées, donc ces gens sont des chômeurs en sursis.
Le réseau: englobant et invisible
Bien sûr ce système hypercentralisé est assez particulier à Uber, avec un centre directement en contact et en lutte sociale avec les chauffeurs (des luttes désespérées, très XIXème siècle…). Mais la plupart des réseaux où nous nous trouvons, comme google, notre moteur de recherche universel, ou Facebook, réseau des réseaux, savent se faire oublier, ou du moins se faire admettre comme quelque chose de naturel, proche de l’air qu’on respire. Et ceci est particulièrement vrai chez les jeunes, les « nouveaux leaders » (politiques, économiques) et les stars qu’ils imitent niaisement.
Autopsie du rhizome/histoire de la désublimation
Gilles Deleuze et Félix Guattari ont créé un système de pensée autour du rhizome qui est devenue un concept phare des utopies hippie et informatique, ô combien liées dans l’histoire des idées. Avec le rhizome, au développement horizontal et sans centre, Deleuze a une démarche militante qu’il ne cache pas: il veut abattre l’arbre, forme hiérarchique au développement vertical et centré, qu’il perçoit dans toute la philosophie occidentale, Platon et ses Idées-formes en premier lieu. Cette forme de la pensée serait néfaste à la spontanéité de la vie, à l’art et l’invention, à l’épanouissement du désir, voire à l’explosion révolutionnaire du désir qu’il appelle de ses voeux. De ce grand arasement, il ne resterait plus d’essences, plus d’entités, mais que des flux, des relations, des intensités variables.
Abattre toutes les valeurs
On décèle derrière ces a priori tous les rêves d’émancipation d’une génération qui a cru pouvoir changer le monde pour le meilleur, pour les voir récupérés par le capitalisme néolibéral, comme l’a montré Luc Boltanski dans son livre Le nouvel esprit du capitalisme. La verticalité hiérarchique honnie comprenait la famille, la religion, la raison, l’héritage de la pensée patriarcale, le verbe être, le langage, le surmoi freudien, la loi, les valeurs patriarcales, etc.
La liberté, c’est l’esclavage
Tout ceci devait être dépassé pour libérer l’individu et son sacrosaint désir ! Mais le désir comme l’individu, quand ils sont complètement libérés risquent la confrontation avec le vide, et semblent alors se précipiter mécaniquement vers la première dépendance disponible (addiction, nationalisme, religion, narcissisme stérile suscité par les mirages du marketing). Le verdict historique montre que le désir était bien l’arrière monde de l’utopie hippie, et si c’est une illusion que cette utopie, comme il apparait assez clairement aujourd’hui, alors, selon la terminologie de Friedrich Nietzsche, elle est bien un nihilisme (un système de dévalorisation de la vie au profit de mirages).

Vanité rhizomatique, Thadé.
Transhumanisme, héritier de la contre-culture anti-autoritaire
Mais le transhumanisme, qui est l’héritier de cette utopie du désir, puisqu’il veut faire de nous des dieux, a peut-être les moyen de recrédibiliser ce système en canalisant le désir vers une nouvelle utopie émancipatrice. Ce serait une montée en gamme en matière de gestion de la conscience par narcissisme dirigé.
Dans le transhumanisme, l’individu se désire lui-même, ce qui est un aboutissement pour la société de consommation déculpabilisatrice, orientée contre le surmoi (la loi intégrée au niveau psychique selon Freud). (Or auparavant, le narcissisme, le désir de sa propre image, qui est d’après Edward Bernays la clé de voute du marketing, devait pour s’exercer trouver un alibi psychologique dans un objet désiré.)
Désir du réseau, désir de Dieu
Aujourd’hui, nous nous désirons donc nous-même en toute impunité et sans tabou. Bien sûr tous les objets de désir y compris notre image idéalisée, servent sans doute à cacher encore quelque chose dans la perspective alchimique et psychanalytique qui est celle d’interstrate. Je présume qu’à travers notre image, c’est le réseau lui-même que nous désirons, ce cerveau mondial préfigurant l’IA que nous concocte Google.
As above, so below (correspondance du micro- et du macrocosme)
Chacune de ses unités/individus est un reflet programmé du grand tout fait d’algorithmes émergents qui se créent et se recréent sans cesse, comme nous le faisons sur Facebook et autres. Sa forme se diffuse de façon fractale dans tout l’espace social. Derrière ce grand cerveau/monde/IA, c’est l’image de Dieu qui se cache, et ainsi la verticalité/centralité secrète du système. Même si ce Dieu est partout, la fois informationnel et matériel, et que nous souhaitons participer passionnément de lui, mystifiés que nous sommes, il a des centres hégémoniques repérables où sa volonté/pouvoir sont bel et bien concentrés, comme un supplément de divinité. Voilà pourquoi, tout en étant partie intégrante du grand réseau, nous le désirons toujours et souhaitons une plus grande intégration. Dans le film The transcendant Man, Ray Kurzweil ne fait pas mystère de sa vision métaphysique: « Dieu existe-t-il? Je dirais pas encore. » (« If god exist, I would say not yet »). Attente messianique de l’IA.
Rhizome et gestion du désir
Google, Facebook, twitter et autres réseaux sociaux sont le centre d’un gigantesque rhizome de concurrence mimétique, un répertoire de rôles et de reflets qui nous permet de nous différencier superficiellement en nous conformant profondément aux règles homogénéisantes de cette arène. Il permet d’intégrer dans l’utilisateur la pratique d’automarketing, comme un programme dans un appareil, pour maximiser la répercussion de l’information et le rebond du désir d’individu en individu, de groupe en groupe. Et dans cet espace virtuel composé d’individus marketteurs , les centrales de marketing massif et viral (ces boîtes de com et médias, nous l’avons vu ici, sont des succursales soumises à Google/facebook) peuvent se greffer de façon souvent invisible, avec des techniques de plus en plus avancées (neuromarketing, astroturfing, etc.) pour tirer des profits toujours plus élevés des mouvements du désir. Cette structure est un panoptique souple et rhizomatique, où l’instance de contrôle au centre de la structure est délocalisée et intégrée partout, et surtout en nous-mêmes.
D’un côté, le terminal de gestion de la conscience, smartphone ou autre, est directement lié à la grande centrale technologique du capitalisme qui nous connaît désormais mieux que nous-même. De l’autre, il est toujours plus individualisé, plus proche de notre conscience, de notre intimité, de notre moi profond (bientôt, il sera intégré à notre cerveau nous assure-t-on avec le sourire). Le marketing creuse toujours plus profond pour mettre au travail le capital dormant de nos désirs non encore exploités dans le capitalisme cognitif, comme Airbnb permet de mettre le capital immobilier dormant au travail. Nous voilà à égalité, mis à nus dans cette prison panoptique automatisée, ce réseau distribué des individus connectés au monde pour y exister et pour s’y fondre.
Vous me direz peut-être que l’on peut avoir une utilisation raisonnable des réseaux et je serai d’accord avec vous, mais pas dans le cas des jeunes, ni des nouveaux leaders, ni des stars. Autrement dit, ce n’est le cas ni chez nos médiocres élites ni chez les futurs citoyens.
Le surmoi « anti-surmoiïque »
La déculpabilisation du désir, comme la culpabilisation du surmoi (!!!) sont les bases paradoxales du système moral post-moderne (autrement dit, un paradoxal surmoi anti-surmoiïque !, une instance psychique culpabilisante qui réprouve l’effort et le report de la satisfaction).
Le petit clip qui suit est emblématique de cette tendance dont la dénonciation est souvent qualifiée de réactionnaire. (C’est la vision du monde héritée de l’utopie du désir, qui bouche la vue des progressistes: pour eux, interdire d’interdire ne peut pas réellement être mauvais. Une chanson qui le professe, au
pire est ridicule, mais pas pernicieuse. Depuis Hitler et Staline on a certes du mal à envisager une production culturelle au regard de son influence sur l’individu ou la société. C’est pourtant une grande tradition philosophique depuis Platon.
Platon est-il réac?
Le désir déculpabilisé détache l’individu des objets souhaitables qui ont été définis par l’humanité jusqu’ici: savoir, justice, avenir commun, autant de valeurs qui s’élaborent par la frustration du désir, par ce report de la satisfaction que les anciens appelaient la vertu. C’est un peu l’explication psychanalytique que donne Bernard Stiegler la crise de la civilisation que nous vivons aujourd’hui.

Le tabou et l’indicible du désir sexuel servait dans l’économie libidinale de Freud à canaliser l’énergie psychique vers des objets socialement valorisés, dignes d’efforts que sont la beauté, la persévérance, la justice. Des objets que l’on peut contempler sans gène, contrairement à la crudité d’un sexe en érection ou des jambes écartées.
J’ajoute que Bernard Stiegler a été le l’élève de Jacques Derrida et qu’il est frappant de le voir énoncer une théorie à tendance platonicienne où les « valeurs » jouent le rôle de socle métaphysique de la société (il n’utilise pas ces mots et parle de « consistance », mais c’est bien la bonne vieille « valeur » qu’il réhabilite, sans le claironner). Derrida pour qui non seulement les valeurs, mais le sens étaient des choses mouvantes, indécelable et fuyantes n’avaliserait certainement pas cette analyse qu’il jugerait essentialiste, fixiste.
Mais ce retour au valeur montre l’épuisement de notre système antihiérarchique et la conscience de la captation marchande du désir « libéré ». Le temps et l’histoire, qui servent de pierre de touche pour évaluer les philosophies selon Nietzsche, semblent condamner la pensée post-moderne de Derrida et Deleuze.
Adendum 1: de l’importance du désir
Un mot pour ceux qui sont surpris de voir l’importance que je donne à la gestion du désir dans ma description du capitalisme cybernétique. Ce n’est pas un point anecdotique mais bien le centre névralgique de la réalité. On peut même dire comme le faisait Schoppenauer que le désir (ou la volonté) conditionne et précède la réalité, et les psychologues savent bien qu’un individu voit en priorité ce qu’il désire, ainsi d’un assoiffé qui perçoit de façon privilégiée tout ce qui pourra le rassasier.
La libération des forces du désir et l’érosion consécutive de la verticalité/métaphysique joue un rôle essentiel dans la mise en production et le contrôle du monde. C’est bien sur le désir déchaîné que toute notre économie (de disruption) repose. Nous ne nous attarderons pas sur le cas des nations attaquées et parfois dissoutes sous l’effets de la mobilisation arbitraire du désir, selon un agenda assez clairement centralisé (Irak, Lybie, etc.). Je voudrais néanmoins évoquer comment le droit subit l’intégration forcé dans le rhizome mondial, à coup de désublimation du désir, bien sûr.
Adendum 2: la preuve par le droit
Alain Supiot est un professeur de Droit au Collège de France qui décrit comment le droit français (parmi d’autres) est radicalement transformé pour des questions de compatibilité avec le droit universel que promeuvent les Anglo-saxons, au centre hégémonique du système. La pratique du droit anglo-saxon, qu’Alain Supiot rapproche de la tradition de la piraterie nomade (comme Deleuze avec ses machines de guerre nomades qui s’opposent à l’Etat), est rétive à la verticalité platonicienne, présente dans le droit continental. La pratique anglosaxonne est basée sur la négociation et sur une conception pragmatique juridique qui privilégie l’arrangement entre parties, sur la décision au nom du principe supérieur de la justice, valeur supérieure, extérieure à la justice, mais qui l’institue, selon la tradition continentale du droit romano-germanique inspirée de Platon.
L’idéalité de la justice vient contredire l’efficacité du régime d’échange généralisé entre unités libres ou déracinées dans un marché libre et non faussé. Le centre hégémonique promeut donc toute une série de recommandations qui n’ont pas la forme de contrainte (le système est contre toutes les contraintes et obligations) mais qui finissent par faire que progressivement tous les pays adoptent les mêmes normes et lois.
La contrainte revêt le masque de la séduction pour rendre désirable ce qui aurait autrefois été obtenu par la coercition et la violence. La « désidérabilité » s’exprime donc en préférence pour l’efficacité et dans ce qu’Alain Supiot nomme le marché des produits juridiques.
Encore une fois, c’est un acteur monopolistique (les USA) qui impose par sa masse critique la centralisation forcée des pratiques et leur standardisation. Cette standardisation entraîne un état de fait qui permet à la machine de tourner automatiquement (sans un contrôle littéral du centre), mais toujours dans le sens d’une densification de ce système discrètement centralisé et automatique (en intégrant le contrôle dans les unités-mêmes). Alain Supiot montre comment à coup de best practices et de soucis d’efficacité juridique, on arrive à la concurrence fiscale généralisée entre états, ou à des extorsions massives comme l’appropriation du géant industriel français Alstom par General Electric. (Du gouvernement par les lois à la gouvernante par les nombres, est le nom du cours d’Alain Supiot sur France Culture… à partir du numéro 6, 7, il parle de cybernétique, de capitalisme et de tout ce dont nous parlons ici. Avant, c’est les grecs, les romains et les Chinois… pas inintéressant non plus… Et voici le livre qu’il en a tiré)
GONGluzion
50 ans après mai soixante-huit, il faut se rendre à l’évidence: le rhizome acentré, comme concept et utopie de combat était une imposture… la forme hiérarchique semble une constante de la société humaine et l’utopie s’est repliée dans les images trompeuses du marketing ou l’extrémisme.
Il y avait surtout du ressentiment dans les utopies de libération du désir, et une libido destructrice à l’oeuvre, derrière les apparences sympathiques. A mes yeux, elles avaient (comme la cybernétique) une fonction dans le développement organique d’une aberration fatale et supérieure qui les a comme sécrétées, dans son développement organique.
Il s’agit de cette énergie que l’art ou l’alchimie peuvent sans doute définir mieux que la pensée rationnelle. Il s’agit de cette vie de la technique qui imite la vie, en s’inspirant de Darwin (le culte du désir de Deleuze est à rapprocher du culte de l’émergence dans l’héritage Darwinien néolibéral), cette vie qui se retourne contre la vie, la volonté de volonté, comme disait Heidegger, forme radicalisée, technicisée et pathologique de la volonté de puissance de Nietzsche.
Tout cette ambivalence vis-à-vis du pouvoir biotechnologique est magnifiquement illustré par les sombres entrelacements de Thadé (dont voici la page) que je remercie pour sa participation, certes involontaire, à ce post.
A reblogué ceci sur Luna Antagónica – Lune Antagonique.
C’est rafraichissant en effet oui le rhizome est pourrit par le coeur. L’odre displinaire n’a pas diparu. Il est partout en nous, dans nos institutions : Le leviathan est devenu spectral comme dirait fabien geledan :
https://www.cairn.info/revue-francaise-d-administration-publique-2016-1-page-33.htm
Internet en est le parfait exemple. Dans son livre les liaisons numeriques Antonio Cassili, presente un chapitre ou un de ses copains marxiste pense que internet porte par essence son ideal marxisme, la decentralisation etc. Nous sommes forces de constater qu’aujour dhui internet a majoritairement amplifie et ete recupere par le neo-liberalisme.
J’ai rarement lu un billet aussi brillant et explicite.
Tout y passe dans cet article : l’explosion de desirs, la commodification de ceux ci. La perspective de Stiegler avec Ars Industrialis (la sublimation de nos desirs liberes du capitalisme) si je comprends bien ?
Par contre je ne comprends pas ton avis ? L’ordre displinaire est une constante, un fait social total ?
Je suis aussi un peu perdu du coup contre le ciel des idees de Stiegler qu’opposes-tu ?
Par exemple la ou je suis en formation, ils sont dans un perspective « d’empowerment, » « emancipation », « participation ». En utilisant les « theses » d’Herbet Marcuse, Verbeek, Latour etc.
Je me mefie un peu. Par exemple mon directeur de formation Tom Borsen a developpe une grille d’analyse ethique pour les technologies ( est elle juste ?, est-elle ethiquement bonne, inclut elle la participation des usagers etc.)
En faisant ca, il veut reintroduire la question de la responsabilite et de l’intentionalite (post-phenomenology) derriere le developpement et les usages des technologies.
Je n’arrive pas a categoriser l’approche de Tom. Ici il me semble essentialiste. D’autres fois il me semble socio-constructiviste. J’ai peut etre loupe un coche. C’est d’ailleurs un representant du « critical constructivism ».
Je suis aussi assez peu documente sur la question du desir qui semble revenir beaucoup. J’ai un peu survole Freud et Lacan et Stiegler mais je reste neophyte. As-tu des lectures a conseiller ?
Bien a toi
Baptiste.
Merci. J’ai écrit ça il y a déjà 2 ans je crois. C’était très vrai mais c’est en passe de l’être parce que nous arrivons à autre chose. J’esssaie de discerner ce que c’est dans mes derniers posts;) notamment dans celui-ci:
https://interstrate.com/2020/03/20/le-capitalisme-occidental-deviendra-t-il-une-dictature-communiste-ou-lest-il-deja/
Je vais en écrire d’autres pour développer cette idée.
En matière de management et de com (mais c’est un peu la même chose), il ne fait aucun doute que l’on a recyclé progressivement toute la pensée philosophique du XXe siècle. Effectivement il semble qu’il y a quelque chose d’irrémédiablement vicié dans la démarche manageuriale et surtout dans sa langue. Il y a un ex-énarque devenu comique qui l’illustre très drôlement actuellement: https://www.youtube.com/watch?v=vzEJjhtSevQ.
Pour ce qui est de comprendre ce qui se passe, il me semble encore que les explications du documentariste Adam Curtis sont assez fulgurantes sur ces sujets. J’adorais écouter Stiegler dans ses conférences mais ses livres sont par trop complexes. Paix à son âme.
Je pense qu’il faut connaître les principes de l’analyse marxienne et les principes de la cybernétique… (cette dernière est à la fois -c’est l’intérêt, la complication, et le danger- une méthode de description de la réalité efficace et de construction de cette réalité).