[suite du post 3.1: EL, le messie des nerds (ou l’antéchrist)]

Voici un alignement de signes qui étayent franchement l’hypothèse (déjà assez consistante) que El exécute un plan apocalyptique gouvernemental pour créer Google et Facebook (entre autres). D’abord ces deux images qui se suivent, au début de l’épisode 2:

 

Brenner suit le même trajet que la lumière (l’oeil de Sauron) projetée sur El dans le plan de la tente. La lumière, si elle peut être de Dieu, est très souvent du Diable (Lucifer est le porteur de Lumière). Comme le feu, elle représente aussi le savoir et la technique, que nous donnèrent Prométhée ou le serpent. La lumière est en expansion à partir d’un point source, comme la technique, l’innovation ou un mouvement religieux messianique. Ce dispositif évoque la projection cinématographique, peut-être le système médiatique, et sans doute la projection psychologique.

 

Quant aux cornes de la lampe, elles ont bien sûr une valeur claire. Leur présence en arrière plan de El ne saurait être due au hasard, ni à une lubbie de décorateur fantaisiste. Et ce surtout à l’heure actuelle, avec l’inflation de symboles et de rébus dans les séries et films hollywoodiens que je qualifiais de symbolisme Blingbling dans le post 1.

Et lorsqu’un tel réseau de symboles fait le lien (par la transition des plan et le trajet commun sur l’écran) entre deux personnages archétypaux comme Brenner et El, le sens caché devient quasi transparent:

El reste sous la domination de Brenner; El c’est Brenner en action.

Et ce rébus ne s’arrête pas là. La succession de plans oeil de Sauron/ Brenner dans le couloir vient trouver sa rime et sa suite logique un peu plus loin dans le deuxième épisode. Mike montre plusieurs jouets à El qui a l’air indifférente. Mais elle va se tourner vers une chose qui lui arrache un regard extatique: les trophées de science gagnés par la petite bande de Mike. Et surtout la Victoire ailée  qui est la récompense du concours de résolution de problèmes, et qui rappelle la statue de la Liberté avec sa torche. « Resolving problems », c’est un peu l’idéologie de l’ingénieur allié au capitalisme que certains critiquent sous le nom de solutionnisme: mal diagnostiquer les problèmes et offrir des solutions techniques qui les amplifient et en créent d’autres.  Ce moment est pour Eleven le seul de la série où sa figure perd son ambigüité douloureuse et atteint la plénitude! Encore un signe majeur.

 

victoiremordor2_surex

Cette fissure derrière la Victoire mène droit à un château maléfique (Dark Christal) qui ressemble à celui de Sauron. Il est aussi comme le double infernal de la Victoire (le trophée) dans le monde upside down. Si l’on juxtapose cette scène avec les deux plans cités plus haut, on voit une perspective très éclairante:

1) Brenner/Sauron se projette dans El à son insu

2) El poursuit cette ligne dans la victoire des nerds. Cette victoire est aussi celle de Brenner/Leary/Sauron et c’est l’avènement du monde Upside Down.

La métaphore est une possession démoniaque et la perspective, apocalyptique. On part du diable projeté sur l’antéchrist qui va engloutir le monde pour y faire advenir le règne de son maître.

PhotoVictoireTout cela, El ne le voit pas, bien entendu. Mais une photo la ramène à sa figure souffrante et à son calvaire. Elle y reconnaît Will, ce qui est troublant pour elle, et pour nous. L’a-t-elle rencontré? Reconnait-elle son double avec lequel elle est déjà en communication mystique?

La scène qui précède immédiatement celle des trophées renforce encore l’idée d’un contrôle supérieur de Brenner/Leary sur El. Il y mesure les radiations dues à la démogorgone et/ou à l’absorption de Will, dans l’atelier des Byiers. Comme toujours, Brenner/Leary est fasciné par la puissance dégagée par sa « petite expérience ».

Tout à la fin, Brenner sera aussi dans un état de sidération au moment d’être englouti par la Démogorgone. Entretemps,  la fausse assistante sociale de brenner est aussi parvenue à berner Monsieur Clarke qui lui a livré l’identité des enfants.

BrennerassistanteCLarke

Elle lui a dit qu’elle fait partie d’un programme de l’Etat pour réunir des jeunes prometteurs en matière de science. Elle n’a pas menti, si ce n’est en s’attribuant de bonnes intentions. Et que fait El, sinon réunir dans sa petite secte ces mêmes jeunes? Et ses intentions sont elles bonnes? Elle en doute sans cesse, et nous aussi.

 

Ainsi, comme le Christ, renié trois fois, El et les enfants seront trahis trois fois par toutes les institutions.  Dabord, ils le sont par l’école et la science, réunies en Monsieur Clarke. Ensuite, ils le sont par les parents (de Mike) qui font confiance à Brenner/Leary (épisode 7, l’hélicoptère et le bus). Finalement, c’est Hopper, représentant de l’ordre et de l’ancienne virilité, qui les marchande avec Brenner/Leary (quand ils sont réfugiés dans l’école à la fin). Mais peut-être que dans cette histoire, on ne peut pas ne pas être trahi.

Sauron_eye_barad_dur_vertcout

Précédents posts de la série:

Post 1: (LA clé pour comprendre)

Post 2: (Les cools, les Nerds et le double bind)

Petite complément: Edward Bernays, les désirs et le marketing

Post 3.1: El, le messie des nerds (ou l’antéchrist)