Ce monsieur a par nature de l’humour noir. C’est ce qu’on appelle un investisseur contracyclique (il parie sur la tendance baissière quand le marché est moutonnièrement optimiste). On peut parler d’une vraie success story suisse. Marc Faber est présent sur tous les médias financiers du monde. Son truc, c’est l’or. Investir dans l’or et dans tous les métaux précieux.

Les prévisions d’un tel investisseur sont logiquement sombres. Pour ce Zurichois établi depuis des années à Bangkok, le problème de la dette occidentale n’a qu’une seule issue: la guerre. Dans 2, 5 ou 10 ans mais pas plus. Avant cela, ce sera l’inflation, l’inflation, l’inflation, « jusqu’à ce que le dollar atteigne la valeur de zéro. » Les responsables sont connus: en premier lieu la Banque Centrale états-unienne, Ben Bernanke et surtout Alan Greenspan, son prédécesseur.

Alan Greenspan est l’ex patron de la Federal Reserve, la banque centrale américaine

On n’entend pas beaucoup Marc Faber parler de l’Europe, mais il a l’air de penser que c’est un peu la même chose que les Etats Unis: on monétise la dette des états pour l’évacuer par l’inflation. Mais entre l’énorme dette européenne et celle, gargantuesque, des Yankees, Faber a un faible pour cette grosse dernière. Je me demande si c’est rassurant pour l’Europe? En tout cas, Myret Zaki dans « La fin du dollar » cite en abondance ses analyses. Et elle parie sur la survie de l’Europe et l’effondrement du dollar, mais c’était avant les rebondissements de cet automne…

Kit de survie

Dans tous les cas, la formule idéale pour le cataclysme inévitable que prédit le « Docteur Doom », c’est -méditez-ça- de garder 25 pour cent de ses actifs en actions, 25 % en biens immobiliers, 25% en or, bien sûr, et 25% en cash (des francs suisses, j’imagine). Et vous me répartissez le tout entre votre coffre personnel et plusieurs foyers fiscaux assez sûrs et discrets, parce que, très bientôt, les états -et surtout Washington, vont procéder à des saisies autoritaires de votre or comme de vos autres actifs!

Gros lingots et p’tites pépées

Pour épicer ses prévisions, ce pessimiste joyeux fait plein d’allusions à son goût pour les amours tarifées.  À CNN il affirme avec un clin d’oeil qu’il se trouve dans un hotel louche à Zürich. Lors d’une conférence il explique, goguenard, son installation en Thaïlande par sa découverte il y a plus de 30 ans de la ville de Pataya « et la qualité de ses services nocturnes ».

Moralité: quelqu’un comme DSK aurait mieux fait de travailler dans la finance et de miser sur l’or. Tel notre Goldfinger dépravé, il aurait pu crier aux américains sur CNBC: « Ecoutez bande de blaireaux paresseux, c’est le moment de se serrer la ceinture, il va va falloir travailler plus et gagner moins! », avant de plonger dans sa piscine en compagnie de sa blonde du moment.

Mais au bout de la démonstration de Marc Faber sur la banqueroute des états et l'(hyper)inflation, il y a des conflits armés plus où moins généralisés. Ce que seront ces conflits concrètement, il ne le sait sans doute pas vraiment, mais c’est la seule issue. Et, tout sourire, il conclut avec de sérieux avertissements: « Fuyez les villes car c’est là que vont éclater les conflits militaro-terroristes qui nous guettent. Installez-vous à la campagne, bien à l’écart,dans des zones où l’on sait encore se faire confiance et qui ont une certaine chance d’être épargnées« .

Quoi qu’il en soit, il jure que sa nature est optimiste, car « sinon,  avec les perspectives que nous avons, je me serais suicidé depuis longtemps. »