Au début, les médias américains ont ignoré le mouvement #occupywallstreet qui dure depuis presque un mois. Puis quand ils l’ont découvert il y a une dizaine de jours, ils ne l’ont pas pris très au sérieux. Ici sur CNN un pamphlet anti-Occupy wall street signé d’une Paris Hilton du journalisme US. Le point d’attaque est le suivant: ils ne savent pas ce qu’ils veulent, agrémenté de remarques de fashion victim méprisantes.
Les indignés américains répondent qu’ils sont boycottés ou caricaturés par les médias. Michael Moore expliquait il y a 15 jours quesi c’était le Tea Party (parti populiste de droite), ce serait en une permanente des médias.
L’arroseur arrosé
La différence de traitement est frappante quand on parcourt les médias anglophones concurrents des pays émergents ou émergés, comme AL Jazeera, Russia Today ou ChinaDaily:
Tous constatent le silence des médias US, et ce d’autant plus que depuis 15 jours, le mouvement a pris d’énormes proportions et poursuit sa croissance. Dans son éditorial, le responsable du bureau américain de Chinadaily considère que occupy wall street est victime d’un véritable black out, surtout si l’on compare avec la promptitude de la presse à rapporter les manifestations du printemps arabe. A peu près tous traitent le mouvement comme les médias US l’ont fait pour le printemps arabe: avec un a priori positif qui découle naturellement des valeurs démocratiques. C’est un peu tartuffe de la part d’un journaliste qui travaille pour une dictature capitalo-communiste, mais apparemment ça ne coûte rien.
Sur Aljazeera on répercute à fond l’idée-véhiculée par le mouvement américain- qu’il est la version américaine du printemps arabe. Même oppression, mêmes tactiques d’occupation physique et de propagation virale. Seule différence: à la place du vieux dictateur qui impunément spolie le peuple de ses richesse et de sa souveraineté politique, une oligarchie financière décadente qui impunément spolie le monde de ses richesse et de sa souveraineté politique. Wouah, du peuple au monde on a un sacré changement d’échelle! On est au coeur du système pour vraiment tout changer!
Bon, il faut dire quand même qu’ils risquent moins que leurs cousins arabes. On a donc le droit d’être perplexe en voyant ici Hugo Chavez s’élever contre la répression policière dont est victime occupywallstreet, lui qui continue de soutenir le régime syrien.
Téléthon sur Russia Today
Voici un magazine de Russia Today, voix anglophone de la Russie, dont la journaliste parle du flou dans les buts, mais sans aucun mauvais esprit. Elle invite dans un grand élan téléthonesque les téléspectateurs à faire des propositions constructives et les recueille sur Twitter. RT saute sans doute avec gourmandise sur tout sujet mettant en question la démocratie américaine… tel est pris qui croyait prendre… Mais là, le ton internationaliste est étonnant: comme si #occupywallstreet était investi d’une mission universelle. Le mouvemement américain a d’ailleurs en une composante internationaliste: #worldrevolution et #globalrevolution qui se coordonne avec les indignés européens. De concert ils nous promettent un jour de protestation mondial le 15 octobre.
Encore une vidéo qui donne définitivement le ton, c’est un éditorialiste vedette de Russia Today, ex trader états-unien, qui s’exprime: » Si Hank Paulson a pu dire: « Il nous faut trois mille milliards de dollars pour assommer les banquiers », les 99% n’ont plus qu’à brandir la guillotine car c’est l’ultime outil de levier politique réel sur la kleptocratie financière. » Et la question discutée était « Est-ce que les banquiers, les « 1% », sont en danger physique? »
Cutting Edge Post ! Je m’en vais de ce pas suivre #occupywallstreet sur Twitter !
A plus, Enrico