C’est historique: vendredi soir, la note des bons du trésor américain a été abaissée par l’agence de notation Standard & Poor’s. A la suite, la Banque Centrale chinoise (le plus gros créancier des Etats-Unis) a exigé de l’Oncle Sam qu’il gère mieux ses dettes, un peu comme le FMI l’aurait fait avec un pays africain ou latino-américain dans les années 90.
Dans ce contexte, « newly declining countries » (pays nouvellement en déclin) est une expression qui convient à merveille à la situation des USA, comme à celle de la Grèce. Je viens de la découvrir dans la bouche de Roger-Pol Droit (Contre-expertise, France Culture). Apparemment, il l’a lui-même entendue, appliquée à l’Europe, il y a déjà 16 ans en Corée du Sud. Sur Google, ses nombreuses occurences servent principalement à qualifier le Japon, en panne de croissance depuis 20 ans.
« Newly declining country », c’est d’abord le reflet inversé de l’expression « emerging country » (pays émergeant), qui fut –si j’en crois Wikipedia– forgée en 1981 par un économiste néerlandais pour circonscrire les zones favorables aux investissements. D’un côté, la finance triomphante d’il y a 30 ans, lors de l’internationalisation des marchés; de l’autre, la Berezina générale à laquelle nous assistons aujourd’hui.
Depuis 2 semaines, les marchés financiers dégringolent sous le poids des dettes américaine et européenne. Les analystes semblent dans l’attente d’un cataclysme d’une ampleur inconnue pour la rentrée, à moins que ce ne soit déjà pour demain matin, à l’ouverture des marchés… Et si la catastrophe n’advient pas, l’angoisse qu’elle suscite continuera de planer sur nous.
Les Etats unis, malgré leur inventivité, leur productivité, ont dépensé et consommé bien plus qu’ils ne le pouvaient. Ils ont caché un tas de dette sous les tapis, tout comme l’a fait la Grèce (mais sans doute mieux qu’elle). Myret Zaki l’affirme (La fin du dollar) ce déficit américain caché devrait sous peu apparaître dans toute son énormité.
Donc plutôt que les terme de PIIGS ou Club med,assez désolbligeants pour les pays du sud de l’Europe, adoptons résolument une catégorie plus large. « NDC » nous permet ainsi de parler de tous ces pays occidentaux inconsidérément dépensiers qui n’ont pas la chance d’être un havre alpin économe et contracyclique.
Heureusement, ce matin, les marchés semblent rassurés… Ah ces marchés, ils sont si fougueux, si spontanés, si virils et en même temps si fragiles, si inquiets, si indécis.
C’est un peu nos grands enfants à tous…
« Un havre alpin économe et contracyclique » : c’est exactement l’expression que je cherchais 🙂